Louis Couperin au piano, ou les interprétations rapprochantes

Ce 1er mars 2018, j’écoutais “Musiq3”, l’équivalent belge de France Musique. Un présentateur et une présentatrice annoncent une rare interprétation de Louis Couperin au piano. Le pianiste est Pavel Kolesnikov. Selon Pavel Kolesnikov, l’utilisation du clavecin pour la musique ancienne rajoute un élément supplémentaire de distance, qu’il préfère éviter. Même si on n’est pas obligé de la partager, cette position se défend.

 

Cela me rappelle un texte de Robert Brasillach, l’introduction de son excellente “Anthologie de la poésie grecque”. Brasillach était un collabo. Il l’a payé de sa vie. Il a laissé quelques romans que je connais mal. Mais pour moi il est avant tout l’auteur de cette Anthologie. Dans l’introduction, il écrit qu’il y a deux sortes de traductions: les traductions “éloignantes” et les traductions “rapprochantes”. Les premières nous font ressentir l’ancienneté, et la distance qui nous séparent du texte original. Les secondes transposent le texte pour nous le rendre plus proche, plus immédiat, presque de notre temps.

 

En transposant cette idée à la musique, on peut aussi penser qu’il y a des interprétations éloignantes, telles les cantates de Bach par Leonhard et Harnoncourt, et les interprétations rapprochantes, comme les adaptations de préludes de choral de Bach par Busoni.

 

Pour moi, les interprétations éloignantes sont plus intéressantes car elles nous invitent à parcourir nous-mêmes le chemin…et à l’arrivée on est amplement récompensé.

 

Mais revenons à notre Louis Couperin au piano. Il s’agit de la chaconne en ré mineur. Le début est un peu adouci, moins péremptoire qu’au clavecin, les angles sont gommés, mais c’est quand-même très émouvant. Le piano n’est pas indigne de la musique de Louis Couperin.

 

Moins satisfaisants sont les commentaires des deux présentateurs:

 

Dialogue

 

  • “On connait mieux François Couperin le Grand, que son neveu Louis.
  • Oui d’ailleurs je ne me rappelle jamais qui est l’oncle et qui est le neveu.
  • Moi non-plus…”

 

Ce n’est pas tant l’ignorance, que la désinvolture qui m’a étonné. Bon, on ne va pas jeter la première pierre à ces deux aimables présentateurs, je reste quand-même un auditeur fidèle de Musiq3…

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